En 1922, F. W. Murnau sort son film le plus célèbre, Nosferatu, basé sur Dracula, le roman de Bram Stoker. Il est pour plusieurs le quintessenciel film de vampires, celui dont découle la représentation des vampires dans les films d’horreur contemporains. Nosferatu n’est pas une adaptation fidèle du roman de Stoker; contrairement au Nosferatu (1979) de Werner Herzog, Murnau a changé les personnages et les situations afin d’éviter de payer les droits d’auteur ce qui poussa la veuve de l’auteur à tenter de détruire toutes les copies du film. En la personne abjecte du comte Orlok, Murnau personnifie la mort et le mal, une menace pour les hommes. En cela, le vampire de Nosferatu se rapproche du diable représenté dans La sorcellerie à travers les âges, une créature laide et grotesque, sortant constamment la langue.
Le comte Orlok est constitué en créature abjecte et associée à la mort, au non-être, dépendante de la « terre des cimetières de la Mort Noire » et accompagnée de vermine, de rats, lors de son voyage en mer. L’allure de l’acteur Max Schreck, maquillé par le collaborateur fréquent de Murnau, Albin Grau, rappelle la vermine qui accompagne Nosferatu dans son voyage sur le bateau avec ses oreilles de chauve-souris, des griffes en guise d’ongles et des crocs au milieu de sa bouche comme un rat, à l’opposé de la disposition classique des vampires. L’influence de la transformation radicale de Schreck se sentira plus tard dans le jeu et l’apparence de Lon Chaney dans Le fantôme de l’Opéra (1925) de Rupert Julian. Au même point que le maquillage, les décors expressionnistes de, par exemple, l’intérieur du château du comte rendent bien cette atmosphère effrayante qui imprègne le film. Il annonce déjà le Vampyr (1932) du danois Carl Theodor Dreyer, annoncé parfois comme le dernier grand film d’horreur silencieux malgré le fait qu’il soit sonore.
Même si les films d’horreur allemands créent leur propre langage et développent le genre, l’industrie ne survivra pas aux années 1920. Déjà, dès la fin de la décennie, fuyant l’avancée du nazisme en Allemagne, de grands artistes tels que F. W. Murnau, Karl Freund, Emil Jannings et Paul Leni, le réalisateur de l’anthologie surnaturelle Waxworks (1924), quittent l’Allemagne pour Hollywood où ils travaillent pour la Fox et Universal Studios et eurent une grande influence sur la production de film. Les films du studio comme Dracula et Frankenstein sont redevables à l’esthétique développée par ces auteurs dans les films d’horreur allemands des années 1920.
WOOD, B. : Kingdom of shadows, Kino Video, États-Unis, B& W/Color, 1998.
HEIDEMAN, ERIC M.: Conrad Veidt: Cinema’s Dark Prince, 1893–1943, MonsterZine.com, no. 1, 2000.
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IMDB: http://www.imdb.com
Wikipedia — Cinema of Germany: http://en.wikipedia.org/wiki/Film_history/Germany
Monsterzine: http://monsterzine.com/200010/masterworks.html (Lien brisé)
Ebert on Nosferatu : http://www.suntimes.com/ebert/greatmovies/nosferatu.html (Lien brisé)
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